« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Danseurs de paradis


 

 

 

 

jusqu’à la fin des temps

et plus loin encore

dans tout ce bleu

qui n’est que toi

jusqu’à la fin des mondes

et plus loin encore

bien plus loin

sans jamais rien comprendre

 

dans tout ce bleu

qui n’est que toi

je remonte

vers la source

des hommes-questions

vers tous ceux

qui interrogent

la source sans source

 

je remonte

vers l’intérieur de tout

mille astres noirs

au fond de mes poches

je mets lentement au jour

cette force d’éden

 

de cœur en cœur

de lèvre en lèvre

de vie en vie

 

l’univers tout entier

suspendu

au visage d’une femme

 

je mets du baume

au monde

je marche l’immensité

 

je glisse et reglisse

le long des désolations

je remonte

vers les cendres fertiles

au jour le jour

à la nuit la nuit

j’écoute sans relâche

cette voix qui parle en moi

je l’écoute

aimanté par l’impossible

aimanté

par le fond des mondes

 

oui je dérive

vers la nuit de la nuit

je m’abandonne

aux avant-postes

des grands effondrements

je remonte

 

en fièvre pétrifiée

en étincelante déploration

mon âge se compte

en milliers d’étoiles

dans tout ce bleu

qui n’est que toi

 

j’accueille le jamais plus

comme si l’inquiétude

ne pouvait plus neiger en moi

dans tout ce bleu

qui n’est que toi

 

comme au premier jour

et les villes basculent

et les fleuves rebroussent chemin

dans la profondeur

des profondeurs

la sève circule

chez les danseurs de paradis

 

Zéno Bianu / Le désespoir n’existe pas