« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

citation XXV (sainte thérèse)


 

 

 

 

je saisis un parfum de ton abîme

comme un brasero où tu brûlerais

sans qu’on voie nul éclat / et odorantes

fumée chaleur entreraient en mon âme

 

l’emplissant tout entière / l’humectant

de ta délicatesse ou tes clartés

qui tombent de toi feuilles de l’automne

pures de ton faire l’automne / on n’en

 

finit de comprendre ce qui arrive /

quelle lumière passe dans les ténèbres

on l’aime avec toi / eau qui commence /

finit en toi / âme les yeux ouverts

 

qui entrait / ou montait dans tes croyances /

doux sifflement que nulle oreille n’a

ouï / mais replis de la vérité

qui rêvait à l’intérieur de mon âme /

 

s’éveilla / fut en ta suavité /

en toi cessa / autrement employée /

mais révélée / comme pierre qui ouvre

en dedans sa lumière au clair amour

Juan Gelman / L’opération d’amour
traduit de l’espagnol (Argentine) par Jacques Ancet