« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

SAINT FRANÇOIS D’ASSISE


 

 

 

 

Quel dommage qu’on n’ait pas encore inventé

        le Linguaphone de la volupté !

À présent que la « nature » s’amenuise, que le vent se fait rare

et que les humains se désagrègent dans des forêts illusoires

La haute sagesse voudrait que les saints se réconcilient

        avec leur corps

afin qu’ils puissent à nouveau entendre le verbe des anges

tomber comme une douce pluie printannière

à l’heure où toutes les connaissances sont en feu…

 

Ne dites pas : il y aura une justice pour nous aussi.

N’attendez rien de la politique ni de la science

rien. Le nouveau monde n’est que

le revers de l’ancien.

 

Ne vous fatiguez pas pour rien.

 

Moi avec ma beauté

j’abolirai la notion de livre;

 

j’inventerai de nouvelles fleurs

que j’irai cueillir au fond de mes entrailles

et je sacrerai reine à l’angle de mes cuisses

la rose publique.

 

C’est d’elle que se lèvera le vent

de la chasteté véritable

à laquelle très peu d’hommes survivront

mais les oiseaux eux oui,

en picorant la pointe de mes seins.

 

À chaque époque, son saint François d’Assise.

 

 

Maria Néféli, 1978

Odysseas Elytis / Le soleil sait - Une anthologie vagabonde
traduit du grec par Angélique Ionatos