« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Imaginons


 

 

 

 

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Imaginons que ce texte défile lentement vers le haut. En fixant un point de la page, on voit arriver les mots et on a le temps de les lire.

 

Mais si le texte avance plus vite que notre rythme de lecture, s’il avance plus vite que notre propagation au milieu des mots, alors ces mots s’entrechoquent et s’empilent. Il se forme une sorte de mur de mots, et c’est bien ainsi que se forme une onde de choc. L’information arrive avant que l’on puisse s’y préparer.

 

Si A = B et A = C, alors B = c et l’on oublie A;

 

Lorsque l’on manipule une équation, on ne supprime pas la relation entre les choses. Cette relation est seulement cachée dans les lettres et dans les symboles, une autre relation apparaît.

 

Dans la brume du petit matin, le clocher de cette église est à peine visible.

 

Dans B = C, A est-il aussi à peine visible ?

 

Compare maintenant ce qui n’est pas visible et ce qui n’est pas clair. Cette phrase peut-elle être à peine claire ?

 

« J’ai l’impression de comprendre (wakatta ki ga suru) », dit-on en japonais pour signifier qu’une chose nous échappe.
 

 

 

Comment voir qu’une chose était là et qu’elle n’y est plus ?

 

Pense à Darwin dans l’hémisphère sud. En regardant tournoyer les mouettes, il voyait aussi les oiseaux qui manquaient dans le ciel. Ceux qui y évoluaient autrefois et qui n’existaient plus.

 

Quand elle a cessé de chanter, ce pigeon est venu piquer sa main d’un coup de bec. Bien-sûr, il y a une relation entre les deux. C’est une relation à peine visible, mais elle sent bien qu’il y en a une.

 

Ce pigeon aime aussi se baigner.

 

Cet autre oiseau, lui, est venu piquer quelque chose dans l’arbre au-dessus de ma tête, mais je n’ai vu que son ombre.

 

 

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Ito Naga / NGC 224 (extrait)