« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Les chiffres


 

 

 

 

Je me suis retrouvé sans armes dans un nuage 

    ardent.

Je voyais l’or rouge des oiseaux, les campanules 

bleues, les vents verts. Anges et vipères

s’enlaçaient parmi les flammes effilées. Une pourpre nocturne enveloppait les cratères effervescents.

Mais plus haut j’ai vu la lumière blanche de 

    l’énigme

et senti sur le visage un souffle magique. Je respirais

un autre monde comme si c’était une eau limpide.

J’ai redécouvert les chiffres, le parfum des chiffres,

dans le très fragile équilibre de la voûte céleste.

Et c'était l’amour vertical, le midi permanent,

colonnes qui dansaient immobiles,

le repos subtil d’un soleil de pierre,

et la présence était partout, la présence

qui ne s’accumule ni n’éclate, toujours blanche.

António Ramos Rosa / Accords