« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Le charnier natal - 1950


 

 

 

 

Si j’avais su ce qu’il en coûte

d’un doigt de vin

d’un doigt de sang

 

Si j’avais su ce qu’une route

peut coûter

de pas aux mourants

 

Si j’avais su l’odeur des voûtes

quand vient le vent

le souple Nom

 

Si j’avais su ce qu’on se dégoûte

d’être innocent

après vingt ans

 

Si j’avais su qu’après la croûte

vient la blanche mie

des moissons

 

Si j’avais su

qu’aurai-je fait

pour être cru.

Jean Cayrol / Chacun vient avec son silence - Anthologie