CONCLUSION I
Par domcorrieras, le mardi 21 juin 2016 - Poèmes & chansons - lien permanent
Ces pieds
ces ventres
ces épaules
ces mains
ces coudes
ces rotules
ces dents
qui font
boua
e
boua
bouala
bouraça
bourta
et qui tirent de l’air des bêtes,
qui dégagent dans l’air ces bêtes
que les uns voient et les autres pas
et ces bêtes qui font caca
la et la
c’est dieu tout ça
et qu’est-ce que tu juges de dieu après ça ?
— Je juge que je comprend pas.
— Eh bien, ces bêtes, on les voit pas,
ce sont les microbes de la danse des morts à laquelle
depuis des siècles des siècles les races des races sur
les pentes de l’Himalaya, des Karpathes, des Apennins
et du Caucase ne cessent pas de se livrer,
ces bêtes qui sortent des pieds, des épaules, de la rate,
du foie
dans ces danses de cochons salaces
auxquelles ces races ne renoncent pas
et elles poussent par là et par là
et ça fait une terre qui mule
— qui mule
— oui qui bout
qui bouillonne quoi
et va féconder les membres
morts,
elle les féconde de choses malades
et puis les organes, à y regarder de près, nul n’a jamais
compris
à quoi ça servait.
— Alo voilà, j’ai pensé à un théâtre de la cruauté qui
danse et qui crie pour faire tomber des organes
y balayer tous les microbes
et dans l’anatomie sans lézardes de l’homme
où on a fait tomber tout ce qui est lézardé
faire sans dieu régner la santé.
— Cé des histoires,
à première vue
c’est une utopie
mais commence d’abord par danser bougre de singe
espèce de sale macaque européen que tu es
et qu’a jamais appris à lever le pied.
……………………………
Ici l’autre homme crie et proteste
et l’émission se termine là-dessus.
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Antonin Artaud / États préparatoires / (Conclusion)