Le Fleuve
Par domcorrieras, le samedi 21 mai 2016 - Poèmes & chansons - lien permanent
De mon narguilé
sortit un génie du mal
ni grand ni petit
un génie
muni d’une hache à double tranchant
et d’un gourdin en dragonnier.
— Je viens garder la source de ton fleuve,
me dit-il.
Je mets longtemps à effacer
les traces de sang
qu’il laisse sur ma peau.
La nuit, brouillant mes rêves
il dévoile
par transparence
la lumière qui le brûle intérieurement
et il m’illumine.
C’est moi qui tisse
le hamac où il se couche.
*
SUR LA PIERRE de la maison je t’ai préparé
les ailes de l’oiseau kalulu
avec des morceaux d’arbres déchiquetés par la foudre
et de la résine chaude
J’ai appelé la moitié jumelle de l’esprit
pour qu’elle t’applique des remèdes
de la tête aux pieds.
Au fond de mon corps parfait
j’ai caché
des morceaux d’argile et de puissants sortilèges
Dans chacune des douze calebasses des origines
j’ai déposé le vin votif
une pièce d’étoffe neuve
trois perles de verre bleu
et la cire de la grande ruche.
Chaque jour j’ai entretenu le feu sacré
À l’heure des fantômes
le vent me dicte ta voix
la voix des voyages
sans retour.
Paula Tavares / 18 + 1 poètes contemporains de langue portugaise
traductions d’Isabel Meyrelles, Annick Moreau & Michel Riaudel