« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Près du cœur


 

 

 

 

Sois celui qui me lit,

un déchiffreur d’énigmes.

 

Si c’est l’automne,

feuillette-moi comme un arbre aux feuilles mortes.

 

Au cœur de leur obscurité,

toutes les paroles mentent.

Rien ne t’attache au vers,

à ses chemins impraticables,

à ses séductions de vieille prostituée.

 

Ne cède point à sa lumière aux paillettes lointaines,

à ses fleurs aux vives couleurs.

 

Dans l’intervalle des sources,

à proximité du fleuve, la parole,

la colère de dieu sont redoutables.

 

Si tu descends les dernières marches,

tu entendras d’abord cette voix qui se réverbère dans les labyrinthes

et ensuite seulement son écho à travers les citernes —

 

ou peut-être sur les montagnes de feu où tu ne supporteras pas

la clarté,

brûlée de présages.

 

N’écoute pas, ne regarde pas :

les paroles du dieu et ses griffes de tigre

blessent les murs d’un cœur qui n’est plus le tien :

 

dévoré déjà par les pages que tu lis,

renonçant aux feuilles et à l’automne,

il bat avec lenteur.

José Agostinho Baptista / /18 + 1 poètes contemporains de langue portugaise
traductions d’Isabel Meyrelles, Annick Moreau & Michel Riaudel