TRAVAIL
Par domcorrieras, le vendredi 5 février 2016 - Poèmes & chansons - lien permanent
I
Comme toi, houilleur, je suis noir
D’un travail souterrain, mes paumes
N’ont pas durci, mes mains sont blanches
Mais j’ai de la poussière au cœur.
Il ne faut pas craindre la cage
Qui nous descend au fond du puits
Mais pourrons-nous nous contenter
D’une si petite lanterne ?
II
Le filon noir qui court de biais
Je l’ai suivi comme ta pique
Le taquinant aux nerfs aux veines
A coups d’élans drus et précis.
Pour voir frémir un peu de terre
Je me traînerais sur le dos
Je donnerais pour un écho
Le nœud rouge de ma ceinture.
III
Le froid m’est dur s’il est étroit
Comme un couloir, la faim m’est longue
Si je ne peux la déployer
Comme une menace à l’air libre.
Rester penché sur son métier
N’est rien si bas soit-il si rude
Mais se cogner le front au mur
Quand las on relève la tête.
Franz Hellens / Éclairages (1925)