« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

TRAVAIL

 

 

 

 

I

 

Comme toi, houilleur, je suis noir

D’un travail souterrain, mes paumes

N’ont pas durci, mes mains sont blanches

Mais j’ai de la poussière au cœur.

 

Il ne faut pas craindre la cage

Qui nous descend au fond du puits

Mais pourrons-nous nous contenter

D’une si petite lanterne ?
 

 

II

 

Le filon noir qui court de biais

Je l’ai suivi comme ta pique

Le taquinant aux nerfs aux veines

A coups d’élans drus et précis.

 

Pour voir frémir un peu de terre

Je me traînerais sur le dos

Je donnerais pour un écho

Le nœud rouge de ma ceinture.
 

 

III

 

Le froid m’est dur s’il est étroit

Comme un couloir, la faim m’est longue

Si je ne peux la déployer

Comme une menace à l’air libre.

 

Rester penché sur son métier

N’est rien si bas soit-il si rude

Mais se cogner le front au mur

Quand las on relève la tête.

Franz Hellens / Éclairages (1925)