Mon père
Par domcorrieras, le mardi 17 février 2015 - Poèmes & chansons - lien permanent
Y'avait du bruit dans le grenier
Semelles balbutiantes femelle hurlante
Coffre fracassé poutres sanglantes
Un diable au cœur mou aux bras méchants
Gémissait là faisait couler
Sa bave blanche entre les lattes du parquet
Atteignait au fond l'enfant qui pleurait
C'était mon père
Au troquet du coin y'avait un vieux
Les rides brillantes le regard comme des hublots
Mi-grise mi-rousse la barbe de houblon
La casquette de travers une goutte aux cils
Visait le vide un couple s'embrasser
Le corps léger les yeux plantés
Des clous dans les mains le nez cassé
C'était mon père
Sur la grande corniche y'avait un homme
Le pas serein une enfant sur le dos
Qui lui grattait le cou lui tirait les oreilles
Un lion fier et brave il marchait
Les canines rentrées la mine sage
Le soleil sur ses cheveux rayonnait
Il n'avait pas d'ombre
C'était mon père
Au port d'Ajaccio y'avait un fou
Au rire puissant le regard à l'ombre
D'un panama blanc aux larges bords
Il s'envolait de belle en belle
Cavalier à la gorge pourpre il avait
Le twist dément les ongles pointus
L'éventreur de ces dames, à coup de dents
C'était mon père
Sur le chemin de la ferme y'avait un enfant
A genoux qui pleurait le sort
D'une grenouille écrasée
Les joues sales et l'esprit ailleurs
Vers les soldats de plomb les capitaines
Des vaisseaux qui attendent toujours sous la mer
Comme je t'aurais aimé si j'avais été
Ta mère et non toi mon père
Léa-Nunzia Corrieras / 02-2015