Fête sur la place publique / Fiesta en la plaza (1931)
Par domcorrieras, le jeudi 19 février 2015 - Poèmes & chansons - lien permanent
Ce fut quand on changea les couleurs
de l’enseigne du bureau de tabacs,
je m’en souviens et aussi des chœurs
qui surgirent, très nombreux.
(Un grand bonhomme de bronze
debout sur une lyre
me désignait
de son immense baguette.)
J’avais un grand chien
avec des roulettes,
un chien que je revois
dans des photos.
Ah, quel dommage ! On me dit
que j’étais heureux,
que je trépignais criant
avec tous, que je scandalisais
des gens sérieux
Hélas ! je ne m’en souviens pas.
Oui, quel dommage ! Par contre, je me souviens
du défilé des uniformes colorés,
je me rappelle l’enthousiasme, la foule,
les bras. Ah, combien dommage !
J’aimerais pouvoir me voir
derrière la balustrade du balcon,
écoutant tout
ou au galop ce jour-là
sur mon grand chien blanc.
……………………………………………
Cambiaron de color
la enseña del estanco,
me acuerdo, y de los coros
múltiples que vinieron.
(El hombretón de bronce
firme sobre sus arpas
y la immensa batuta
con que me señalaba).
Tenía un perro grande
con ruedas,
un perro que recuerdo
por las fotografías.
¡Qué lástima! Me dicen
que estaba muy alegre,
que aplaudía y gritaba
con todos, que ofendía
a las personas serias.
Y no puede acordarme.
¡Qué lástima! Y en cambio
recuerdo el pascualle de capas de colores,
recuerdo el entusiasmo, la multitud,
el brazo. ¡Ah, qué lástima!
Quisiera poder verme
tras los balustres del balcón,
oyendo,
o aquel día al galope
Sobre mi perro blanco.
Carlos Barral / Figuration et fugue (Figuracíon y fuga),1966
traduction Jacinto-Luis Guereña