« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Fête sur la place publique / Fiesta en la plaza (1931)

 

 

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Ce fut quand on changea les couleurs

de l’enseigne du bureau de tabacs,

je m’en souviens et aussi des chœurs

qui surgirent, très nombreux.

 

(Un grand bonhomme de bronze

debout sur une lyre

me désignait

de son immense baguette.)

 

J’avais un grand chien

avec des roulettes,

un chien que je revois

dans des photos.

 

Ah, quel dommage ! On me dit

que j’étais heureux,

que je trépignais criant

avec tous, que je scandalisais

des gens sérieux

Hélas ! je ne m’en souviens pas.

 

Oui, quel dommage ! Par contre, je me souviens

du défilé des uniformes colorés,

je me rappelle l’enthousiasme, la foule,

les bras. Ah, combien dommage !

 

J’aimerais pouvoir me voir

derrière la balustrade du balcon,

écoutant tout

ou au galop ce jour-là

sur mon grand chien blanc.

 

 

……………………………………………

 

 

Cambiaron de color

la enseña del estanco,

me acuerdo, y de los coros

múltiples que vinieron.

 

 (El hombretón de bronce

firme sobre sus arpas

y la immensa batuta

con que me señalaba).

 

Tenía un perro grande

con ruedas,

un perro que recuerdo

por las fotografías.

 

¡Qué lástima! Me dicen

que estaba muy alegre,

que aplaudía y gritaba

con todos, que ofendía

a las personas serias.

Y no puede acordarme.

 

¡Qué lástima! Y en cambio

recuerdo el pascualle de capas de colores,

recuerdo el entusiasmo, la multitud,

el brazo. ¡Ah, qué lástima! 

 

Quisiera poder verme

tras los balustres del balcón,

oyendo,

o aquel día al galope

Sobre mi perro blanco.

Carlos Barral / Figuration et fugue (Figuracíon y fuga),1966
traduction Jacinto-Luis Guereña