Les belles dames sans merci
Par domcorrieras, le lundi 5 mai 2014 - Poèmes & chansons - lien permanent
CYNTHIA git éteinte.
Ma verge lèche
encore légère comme lumière lunaire
ses poils crépus.
KATERINA git étalée.
Sur la route elle sourit
de la chevelure aux pieds
comme si elle avait inventée
la roue.
DIOTIME fut inventée
par Platon quand dans un éclair
il entrevit son derrière.
Terrestre, contraire,
le monde s'arrondit.
MADELEINE
Collin-maillard veut te voir avec ses doigts.
Jardinier veut te planter dans son cerveau.
Boulanger te veut dans son lit plein de biscuits.
Maître d'école te veut dans son bain gémissante.
Comme il aimerait posséder trois langues.
JULIE
Ses articulations murmurent :
«Viens, entre. Pour un étroit hyménée..
N'arrête pas.
en ce pli enchaîné.»
ALRAUNE
Triomphe de ses cavités.
Qui enfonce quoi dans qui ?
Pianistique. Arabesque. L'écume
au pied de la potence.
MAUD
Viens au jardin, mon amour.
La noire chauve-souris s'est envolée.
Elles ne m'ont pas trompé,
la mer ni la culotte ni la rose.
LUCRÈCE
Elle était indiciblement noble,
surtout quand elle était la mer
et moi le sable
qui dans un murmure accostait
près de son pli salé.
HÈRO
Au dessus de nous les oies sauvages,
en dessous la mortelle rivière.
Entre les deux
toi et ta brasse papillon,
singulière : un rêve d'infini.
MÉROPE
Elle m'offrit sa fable,
sa fontaine, sa fête.
Ma jouissance fut claire comme le jour :
un mortel dans la fente de la déesse.
Hugo Claus / Cruel Bonheur