Cette nuit je marche

pour trouver les étoiles

que je n'ai jamais vues

sentir le vent

me transpercer la peau.

Cette nuit je marche pour

noyer ce vide

qui m'entoure

néant aux yeux bleus

enfer d'un monde

de visages irrigués de tristesse, langue

se tordant maladivement

en tous sens.

Cette nuit je marche

oublieux du lendemain

englouti et mourant

dans un monde que j'aime.

Sourires et mort

dans la génération à jamais

perdue de peur.

Je marche seul avec les étoiles

et l'ombre de ma silhouette.

Les pleurs du réel

là dehors dans la nuit.

Je ne veux pas

être seul

la bruine mouillant mon visage

pour essorer de mes os

la maladie envahissante.

Une pute noire tapine

grelottante

dans la nuit glaciale.

Le calme paisible d'une ville

sombre et sauvage.

Des hommes me dépassent

fantômes errant dans les rues

s'attroupant aux croisements

à côté d'un trop plein d'enfance

à deux doigts de la liberté

et le soleil matinal

entonne une chanson

qui pénètre mon âme

juvénile.

Jack Micheline / Un fleuve de vin rouge