XXII

Soir, sur des golfes d'ombres qui te cherchent

  sans refléter le ciel, tu te rapproches

     avec des noms d'exil de nos bouches dormantes.

Et toutes choses s'éprendront d'un seul sommeil :

  l'olivier près de la fontaine, l'acanthe et, dans la cour,

     le chien, le coq. Seule passera la couleuvre

au mouvement de songe entre les pierres. Et toi, beau soir,

  tu guettes l'heure de t'abattre et de t'anéantir,

     grand soir, beau soir qui trembles, veux, et te retires.

Jean-Yves Masson / Neuvains du sommeil et de la sagesse