« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

AB JOI ET AB JOVEN M'APAIS

 

 

 

 

 

joie et jeunesse je bois

m'inondent joie et jeunesse

car mon ami est si gai

qu'il me rend moi rieuse et rose

et puisque je lui suis transparente

mon ami est un miroir

de l'aimer ne veux m'arracher

ni que lui s'extirpe de moi

 

 

il me plait oui que la valeur domine

chez celui qui doit me posséder

et je prie Dieu que grande joie advienne

à ce premier qui me le fit

connaître

sauf si cela est de ma bouche qu'on ne croie

jamais le mal qu'on

raconte de lui

tant est vrai qu'on trouve seul le balai

avec lequel on se fera jeter

 

 

la Dame qui connaît son prix

doit toujours mesurer son choix

afin d'aimer preux et vaillant

ouvertement le chevalier

dont elle connaît la valeur

la Dame en aimant de la sorte

au su de tous les généreux

ne pourront qu'en faire l'éloge

 

 

j'en ai choisi un preux et noble

dont le mérite magnifie

généreux adroit connaisseur

il possède esprit et savoir

je le supplie de croire en moi

et que nul ne le persuade

que je commets faute envers lui

s'il ne commet pas défaillance

 

 

Floris votre valeur les nobles

et les généreux la connaissent

alors je vous prie maintenant

de me garder dans votre main

Beatritz de Dia (vers 1140-après 1175) 
Traduit de l’occitan médiéval par Liliane Giraudon