Histoires du tatou
Par domcorrieras, le mardi 31 août 2010 - Poèmes & chansons - lien permanent
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Le tatou chantonne en chemin.
Personne ne l'écoute.
C'est dommage : si quelqu'un l'entendait
on pourrait savoir ce qu'il chante
ce courageux petit animal. Peut-être
nous mettrions-nous aussi en chemin.
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Quand cela s'avère nécessaire
le tatou peut creuser pendant des heures :
de longues tanières, zones humides et sombres où attendre
des temps meilleurs, des pluies, époques où l'espérance
n'est plus tout à fait impossible. Si l'attente
est longue, il la trompe en dormant.
Et quand la lune se lève il lit Cervantes.
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On peut dire : l'harnaché, le chenillé, le solitaire,
l'édenté, le craintif, le lent,
celui qui ne peut sauter, qui ne se retourne pas,
le mangeur de vermine, le lèche-fourmis, le voleur,
le fuyard, la taupe qui tourne en rond,
le couche-tard, le noctambule, le griffu ;
celui qui s'amuse à faire tomber les chevaux,
les estropie et secoue ses écailles de rire
dans son trou malodorant.
On peut le maudire, le chercher la nuit
avec des bâtons pointus, ou des massues, dents de chien.
On peut recruter des indigènes ivres
ou des armées de moustiques pour le chasser.
Le tatou ne s'en préoccupe pas.
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Il est inutile de le tirer par la queue :
on le sait par expérience, le tatou ne cède pas
si facilement. Et puis il a fallu
peut-être cinquante millions d'années, un imprévu
fortuit et un bon coup de chance :
un marin aux belles espérances,
une tempête, un naufrage dans un golfe terrible,
une terre ignorée et fleurie où aborder.
Il en a trop vu pour s'épouvanter ou perdre courage.
Le chemin a été lent, le voyage ardu.
À présent il avance, pas à pas. Presque content.
Fabio Pusterla / Histoires du tatou (extraits)