La Chanson de Limehouse Causeway
Par domcorrieras, le vendredi 19 février 2010 - Poèmes & chansons - lien permanent
I
Un rat est venu dans ma chambre.
Il a rongé la souricière,
Il a arrêté la pendule
Et renversé le pot à bière.
Je l’ai pris dans mes bras blancs.
Il était chaud comme un enfant.
Je l’ai bercé bien tendrement.
Et je lui chantais doucement :
Refrain
Dors mon rat, mon flic, dors mon vieux bobby.
Ne siffle pas sur les quais endormis
Quand je tiendrai la main de mon chéri.
II
Un Chinois est sorti de l’ombre .
Un Chinois a regardé Londres.
Sa casquette était de marine
Ornée d’une ancre coralline.
Devant la porte de Charly,
A Pennyfields, j’lui ai souri
Dans le silence de la nuit.
En chuchotant, je lui ai dit
Refrain
Je voudrais, je voudrais je n’sais quoi.
Je voudrais ne plus entendre ma voix.
J’ai peur, j’ai peur de toi, j’ai peur de moi.
III
Sur son maillot de laine bleue
On pouvait lire en lettres rondes
Le nom d’une vieille Compagnie
Qui paraît-il, fait l’tour du monde,
Nous sommes entrés chez Charly,
A Pennyfields, loin des soucis
Et j’ai dansé toute la nuit
Avec mon Chin’toc ébloui.
Refrain
Et chez Charly, il faisait jour et chaud.
Tess jouait "Daisy Bell"b sur son vieux piano,
Un piano avec des dents de chameau.
IV
J’ai conduit le Chinois dans ma chambre.
Il a mis le rat à la porte.
Il a arrêté la pendule
Et renversé le pot de bière.
Je l’ai pris dans mes bras tremblants.
Pour le bercer comme un enfant.
Il s’est endormi sur le dos…
Alors, j’lui ai pris son couteau.
Refrain
C’était un couteau perfide et glacè.
Un sale couteau rouge de vérités
Et de bobards por Poplar, sur les quais.
Pierre Mac Orlan / La Chanson de Limehouse Causeway - Musique de Marceau 1925-1951