ÉLÉGIE PASTORALE
Par domcorrieras, le mercredi 23 avril 2008 - Poèmes & chansons - lien permanent
Le beau berger n’est plus, la belle l’a tué.
La fille a immolé qui avait désir d’elle.
En échange d’amour, la mort elle a donné,
Elle a teint son épée dans le sang du berger,
Et éteint le flambeau des amours immortelles.
Le beau berger n’est plus, la belle l’a tué.
Elle n’a écouté ni les rocs des montagnes,
Les nymphes, le tilleul, le pin qui l’imploraient.
« Ah! ne le frappe pas, ne tue pas le berger. »
Le loup l’avait pleuré, et les ours sans pitié,
Le lion l’a pleuré de ses yeux redoutables.
Le beau berger n’est plus, la belle l’a tué.
Cherchez une autre roche, ô paissantes génisses.
Vous, taureaux, allez paître en des lieux étrangers.
Mon doux berger est mort de son ardent délice.
De sa main, dans ses monts, la fille l’a frappé.
Pâturages, adieu! et vous, adieu, ô prés!
Le beau berger n’est plus, la belle l’a tué.
Adieu, fontaines, et vous, adieu, abris rocheux!
Adieu, Nymphes des eaux et des lieux bocagers!
Le dieu des chants répond à Pan, rustique dieu :
« Que périsse la flûte, et où est la Vengeance?
Où donc est la beauté? Laisse, Amour, ton carquois :
Que la flûte à jamais reste dans le silence :
Car le berger n’est plus, dont claire était la voix. »
Nonnos de Panopolis (poète gréco-égyptien du début du Ve siècle de l’ère chrétienne) / Dionysiaques / Chant XV