« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Vasque


 

 

Tremblant fut parcouru le verre

d'un rire de belladone en fleur,

entre les ramées se pressaient les nuées,

du fond s'en élevait

l'aspect floconneux et pâli.

L'un de nous lança un caillou

qui rompit la glace brillante :

les molles apparences se brisèrent.

Mais voici qu'autre chose glisse

sur le miroir à nouveau lisse :

elle n'a pouvoir de jaillir,

elle veut vivre et ne sait comme;

sous ton regard elle se détache, vient s'engloutir :

mort-née sans que même on la nomme.

Eugenio Montale / Os de seiche
traduit de l'italien par Patrice Angelini avec le concours de Louise Herlin et Georges Brazzola
Illustration : Montale par Emiliano Bruzzone - Lo Scherzatore