« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Je vais employer des mots sales


 

 

 

     Je vais employer (c'est déjà fait) des mots sales. Il le faut. Il faut que je vous tire de votre sommeil et de votre hypocrisie, que je vous explique comment ça se passe.

     Gueulez au charron, ameutez les pouvoirs publics tant que vous voudrez, mais accordez-moi ceci ; je reste encore bien en deçà de vos divertissements cachés, de vos ballets oniriques.

     Le plus beau mot de la langue française (avec loisir) est le mot CON.

Le con. Ton con. Montre-moi ton con, Germaine. Dégage-le bien avec tes doigts. Écarte-le, ton con. Les grandes lèvres, les petites lèvres. Tes lèvres, ton baiser. Ton con. Le seul. Un con. Les mots, les images se dégradent avec le temps et l'habitude. C'est une question d'innocence retrouvée (et si le terme innocence vous incline à ricaner, sachez que je vous emmerde); encore faut-il avoir envie de réanimer le pouvoir primitif et magique des mots, CON provoque toujours chez moi le même choc dès que je parviens à l'entendre réellement hors de son con-texte. Le con. Je m'en pourlèche. Le con de Germaine, de Marietchen, de Vanessa, de Yaël. A chacune le sien, avec son parfum, son sel, sa dentelle.

     Je voudrais que des types trapus, des ethnologues, des linguistes m'expliquent pourquoi ces trois lettres sont devenues le symbole de la, de notre, stupidité ; ces trois lettres de la Grande Cérémonie.

     Sacrés cons vous-même.

André Hardellet / Lourdes, lentes… (extrait)