« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

donner sa main aux arbres


 

 

Combien de gens regardent des timbres

     à la loupe, en Décembre, ou s’ennuient, combien mordus par des chiens, le sapin n’en sait rien, il nous parle juste de ces flaques de fatigue offrant leur propre densité forestière pleine d’épines, avis de passage du facteur : quelle est dure la fin d’année pour le Postier, on force la dose du bourricot endiablé, pas de modestie avec les rênes du Pé Noé comme avec son crocodile à l’autiste besogneux, pas se laisser mettre en laisse, le muscle un beauf écrabouillé entre journée flasque et l’espoir furieux de devenir mais assez fort, praticien de la démission ! te voici un autre homme, moins livide, ni froissé, fouette mon gars, cochet à vif crachat : t’apprends ça eh ! maman c’est quoi la Co-vid c’est la fatigue dans son chef-d’oeuvre et tourner vieux à ne pas s’écouter, oui la fin d’année tellement fortifiée, fatigue désuète et si enflammées les Tournées comme un sapin tout haut rêveur qui boit sa câlinothérapie le coeur toujours prêt à vaincre sa dégoulinade de sang sur les mollets ! mais là en vieux cosaque des Voyelles, steak sous la selle oh ! combien j’ai loupé tant de repas contre manque de repos, ici je voudrais te parler du Pognon ce virus qui devrait se suicider pour nous donner l’inspiration et le vieillard Beethoven en ferait sonate hors toute pandémie, je fais projet d’immense oeuvre de long temps chérir l’esprit du bonheur et toute l’âme du poème, oui la partager et de si grande espérance que c’est une belle chance de faire Tournée nouvelle entre Verny-voyage et Charleville-pine-de-Rimbaud, ça s’oublie pas ce genre de chose : créer une Poste de lumière héroïque et glorieuse de tendresse et toi, qu’est-ce tu mijotes sous la carcasse et le masque de ta journée, ce facteur courage, la pute guerre patriotique de s’ouvrir au travail mécontent qui se fait juste joyeux et soucieux véridique d’offrir chose qui jouit comme une vision, le dessin vole sur son tapis volcan, c’est pour abolir les ruines de la saison et si rien de tel que poème à dire en surbouche y a vraiment pas de quoi la bousiller cette Colère en verbe, avec des fatigues maboules, ni sans doute ce texte qu’on entendra à peine mais d’avantage que ce tas de virus fumier soudain doué de parole et qu’aucune autre soldatesque paysanne ne prendra feu furieux un fou d’amour pour écobuer et pour prendre la main du chaos, la Joie pour en aimer l’action, et la purification, tellement c’est bon à l’oreille d’une étoile, de lui confier poésie, aujourd’hui veille de Veille de Noël on lui pousse patois chrétien bras dessus dessous avec son cul déchiré à la Culture, toute force prodige vient du coeur, frotte-m’en la douleur celle dont on est cruellement prié d’être né avec, pis donc, ding-dong : marche à l’amour, et mérite de la Tendresse oui la seule chargée de dire toute impatiente, tel chant tel poème inconnu, ô village de la poésie, homme ville ouverte, puis demande à quelques rues inventives de nous mener en forêt mais penses-tu, forêt y a plus ! Ecrasement d’enfer et martyrs, retraités du Cerf-volant qui vole plus, l’arbre passe son chemin il a rien à nous dire, j’ai demandé à mon kiné de s’occuper de la guibole coincée de Ludwig van Bethléem elle est née Ludivine symphonie, cette tendresse d’arbre maigre tout réduit grosse lassitude, un crucifié qui attend son averse tropicale ou cyclone salutaire pour changer d’air ! on l’a installé en arbre très seul comme un suspect ou c’est pour ne plus vivre par groupe, esprit sourcier : lui pisser dessus c’est à moi qu’appartient le truc assez fastoche, y a même rien de mieux à viser que baisse le froc et chaud jus contre l’aubier d’ailleurs oui de l’aubier de Tilleul m’a-t-on dit, en tisane c’est bonnard contre la prose mal goupillée, toxique, prostatite aiguë de même

applaudissons ça très haut tout vrai !

Laisse sur toi voltiger la bienveillance !

Claude Billon / Verny - 16 décembre 2020