« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

PUF


 

 

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PUF

c’est le bruit

que font des pneus

que l’on crève

 

Les os de la pensée

sint rongés

par leurs chiens

 

Mots de passe

tombant de gueule en gueule

Mots de craie cassée

et de tableaux rouges

Mots-pets d’intestins muets

 

À cette heure

les grappes de scorpions

répètent la pensée

et s’engendrent

pendant

que le soleil

aiguise ses pinces

de métallos

 

Lapin descendu

de l’astre jaune

Aucun festin

d’ailes dépliées

Aucun sein

Aucun pied droit

 

Dans les bouches

pleines de lettres

imitant les alphabets

des musiques

les dentiers articulent

les sonnets

 

Car évidemment

ils ne savent pas

où se trouvent

leurs familles

ni le contretemps

idiot de la mort

des calendriers

 

La poésie crapuleuse

monte sur la scène

car dans la véritable

Seine

nos couloirs

se sont suicidés

depuis longtemps

 

Œufs pourris

panneaux de sens interdit

porcs affamés mangeant

de l’or

 

La nuit verse un alcool

brûlant sur la tête inclinée

de l’épaisseur

Serge Pey / Le Carnaval des poètes