La vie et la mort ne sont pas ce qu’on pense
Par domcorrieras, le samedi 11 janvier 2020 - Poèmes & chansons - lien permanent
La vie et la mort ne sont pas ce qu’on pense
Avant ou après le mariage
Quelqu’un s’amusait à tuer
Il y a les riches et les pauvres
Et Louise ? Louise elle est morte
Plus ça change plus c’est la la même chose
Le même degré dans la criminalité
Quelque chose de vague
D’informulé
D’informulable
Ils ont dit : « elle a du charme » « elle est frivole »
Qui sont ces gens ?
Qui est derrière moi ?
« C’est une femme qu’il faut éviter »
L’accident d’Yvan est-il avant ou après le mariage ?
Et qui surveillait qui ?
De quels tracts parlez-vous ?
Nous n’étions pas seuls à distribuer des tracts
Et le petit chat nous l’avons eu
J’ai pris un emploi de secrétaire
Plus ça change, plus c’est la même chose
Amoureux de moi ? vous voulez rire…
Et de quel amour s’agirait-il ?
Toit est à envisager
Sauf une solution sentimentale
Qui est derrière moi ?
Qui déteste la couleur de mes cheveux ?
Pour vingt ans. Pour trente ans
Qui est derrière moi ?
J’ai dormi. Je dors beaucoup
Je suis éberluée de vivre encore
D’être une vieille
Un vrai western
Charlot chercheur d’or
Une cavalcade sans fin
Une course éperdue. Une fuite folle
Pour échapper
Leur échapper
Tu n’étais pas à mon mariage
Ainsi c’était perdu d’avance
C’est un moment sans lecture
Sans littérature
Roman non complet
Provisoire et sommaire
La grammaire en démolition n’arrange pas le drame
Lady Martinetti ne remue pas la tête
À partir de ce jour
d’un homme on passera à deux hommes
à dix hommes
à des millions d’hommes
Le petit manuel à l’usage du Cours Élémentaire
est d’une force sans discussion
Il est mort et je ne lui plais pas davantage dans la mort
« C’est ça la vamp ? » dit le nouveau pasteur
Je ne suis pas invitée au thé
ni au dîner du soir
Déjà on me dit que je peux disposer
Quel âge avais-tu? Vingt ans ?
Je n’ai pas marqué d’une croix
sur mon agenda
Le jour où tu n’étais plus là
Je n’en sais pas plus que vous
Je n’en sais rien ou si peu
Je ne sais pas grand-chose
C’est fatigant d’écrire encore
Sans savoir où tu dors
Le fourreau et les gants
ont été retrouvés sous le canapé
Maintenant les pièces sont vides
Un vide surprenant
La vie y est encore sensible
Ou la souffrance
Je ne sais rien
Je ne sais d’où ni comment vient la voix
La suite — La fin — L’explication
Me manquent
Je dors
Je rêve : je sais le faire
Il a été la chercher au train
Pas elle. Quelqu’un d’autre
C’est une besogne d’homme
S’il y a quelqu’un à sortir, c’est un inconnu
l’homme de la fenêtre sans doute
Ou la souffrance
L’odeur lourde des tragédies rapides
Odeur qui ne s’efface pas
Un vide vivant
Inconnus contre inconnus
Des inconnus entre eux
Inconnus les uns aux autres
Une action déterminée
Comme au théâtre
Qui est cet homme ?
Qui est cette femme ?
… / …
Liliane Giraudon / Le travail de la viande (extrait)