« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Les alouettes



 

 

     Les alouettes ne seront-elles donc jamais fatiguées de bondir, même au-dessus des champs boueux de l’hiver ? Un peu de neige au front des montagnes les plus lointaines devient rose, et les forêts plus bas sont violettes, moins comme un amas de ces fleurs presque invisibles que comme une énigme que l’on croirait lire dans des yeux détournés, que comme le souvenir presque déjà définitivement perdu d’une parole ardente. Comme l’avant-dernière couleur entr’aperçue avant l’obscurité. Violette, accordée avec la vieillesse du jour. Violette ou, plus simplement, adieu.

Philippe Jaccottet / Après beaucoup d’années / Une couronne (extrait)