« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Romance


 

 

À Philippe Burty

 

 

Le bleu matin

Fait pâlir les étoiles.

Dans l’air lointain

La brume a mis les voiles.

C’est l’heure où vont,

Au bruit clair des cascades,

Danser en rond,

Sur le pré, les Dryades.

 

Matin moqueur,

Au dehors tout est rose.

Mais dans mon cœur

Règne l’ennui morose.

Car j’ai parfois

À mon bras, à cette heure,

Couru ce bois.

Seule à présent j’y pleure.

 

Le jour paraît,

La brume est déchirée,

Et la forêt

Se voit pourpre et dorée.

Mais pour railler

La peine qui m’oppresse,

J’entends piailler

Les oiseaux en liesse.

Charles Cros / Le Coffret de santal, « Chansons perpétuelles »