« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LA VIS D’ARCHIMÈDE


 

 

Dans la ville on promène de fabuleux animaux

L’homme un moment décontenancé ne sait plus

S’il doit porter une crinière ou se mettre des échasses

La lumière le laisse indifférent même au sortir des caves

            les plus obscures

Où il a traqué les miroirs la solitude ou les armures

            d’autres temps

 

 

Les places les avenues sont ouvertes aux civilisations

            lointaines

Les filles un vent de joie aux épaules

Font tournoyer les lanières du rire

 

 

Promesses sont portées de lingeries de fleurs marines

La foule partage le pain des rêves les mâts de fanfare

            les tonneaux complices

Les fruits d’été avec leurs réticences de feuillage ombreux

Bavardent à peau nue

 

 

Les ruelles torves couvent des secrets d’alchimie

L’hérédité du songe s’enfle jusqu’à l’évidence des

            révolutions proches

La mort commensal habituel des araignées

Trace sans audience aucune ses théories de triangles

            stériles

 

 

Soleil à chaque porte pour qu’en sautent les gonds

L’horizon vient à l’œil du sage comme à celui des

            calculateurs

Proie ou épervier selon la prudence ou l’amour

 

 

Les femmes fardent leurs seins aux becs voraces

 

 

Jehan Mayoux / Autres poèmes