« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LE GROS GIBIER


 

Sus, fonçons ! Les chiens l’ont flairé,

(Quelle odeur) Il y a de l’homme.

Il y a de l’homme au fourré.

Toi, Romuald, glisse-toi comme

Une vipère dans les touffes.

Regarde-le bien. ESt-ce un blanc ?

Ce sont les meilleurs. Dis s’il bouffe

La fleur de nave ou le merlan,

S’il dort ou s’il respire à fond

Le grincheux printemps des broussailles.

Tu dis qu’il rêvasse. Bon, bon,

Silence, je vise, canailles !

Et c’est la flèche bien féroce.

Zou. Touche en plein dans les boyaux ;

Il est donc à nous, le beau gosse.

Rompez les chiens. Taïaut, taïaut !

IL nous voit. Corbleu, quel regard,

On dirait que son œil reproche ;

Bouchez-moi cet œil papelard ;

Troussez-moi tout ça pour la broche.

‘Cor un homme d’occis, chasseurs.

Mais l’espèce n’en est point rare.

Aimes-tu l’homme, toi, ma sœur ?

Moi, je lui trouve un goût bizarre.

Géo Norge / Le gros gibier