« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

QUATRIÈME PETIT MATIN

 


Le monstre qui demeure aux confins de la mer,
Des ténèbres est venu chercher
L’aube du jour nouveau,
Du nouveau jour encore inachevé.
Il dit : « Qui est celui qui dort se souvenant
Qu’il dévoila le Second Monde,
Et ne veut pas dévoiler le Troisième ? »

Et de son roulement le son dans la ténèbre
Rend le sommeil mauvais, triste le rêve.
Il roula et s’en fut, lui, le monstre servile
Qui vint ici chercher son maître,
Qui vint ici pour appeler son maître
— Appeler Celui qui dort aujourd’hui,
Et qui fut Seigneur de la Mer jadis.

 

8-7-1933

Fernando Pessoa / Message / Les Temps - Quatrième
Traduction de Bernard Sesé