« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Le dernier pas .


 

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Je suis un vieil ouvreur de roses

Bien connu dans les milieux du vent .

A chaque aurore la terre me fait un pont

Pour m’éloigner sereinement

Et seul

De ces bipèdes phraseurs omnipotents

Agités par des révoltes de gouttière .

Je suis un vieil ouvreur de roses

Heureux de rester hors du temps .

 

Que point ne revienne surtout l’amer

Dignement moulé dans des mots de ressac

Que se défassent en vrac les motifs de la guerre

Les grotesques magnats

Les poussifs sans jardins .

 

Le rêve est inscrit dans mes mains

Comme l’étaient dans mes yeux

Tous les enfants issus de la tristesse

Ces oiseaux gendarmés goudronnés pétrolés

Si las de la mer polluée

Qu’ils finissaient par s’en foutre partout

Exprès

Pour finir

Comme ces vieux qui sortaient de l’enfer et du pire

Pour mourir en plein ciel

En plein champ

Dans la rue

En pleine indifférence .

 

Je suis un vieil ouvreur de roses

Qu’étonne encore un bel été

Que rien n’a pu habituer aux regards pourrissants

Aux punitions hâtives

A la soupe populaire .

 

Je suis un vieil ouvreur de roses

De ruisseaux de chaumières de collines de buissons

A chaque aurore la terre me fait un pont

Pour m’éloigner des amours trop chétives .

 

Qui osera aujourd’hui avec moi faire un pas dans l’oubli

Jusqu’où tiendra l’échafaudage de mon repli

Jusqu’où et jusqu’à quand ?

Alphonse Pensa / J’écris sur ton silence