« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Chanson de l’oranger mort


 

 

 

À Carmen Morales

 

 

Bûcheron.

Ampute-moi de mon ombre.

Délivre-moi du supplice

de me voir sans oranges.

 

Pourquoi suis-je né parmi des miroirs ?

Le jour me fait tourner la tête.

Et la nuit me copie

dans toutes ses étoiles.

 

Je veux vivre sans me voir.

Et fourmis et aigrettes,

je rêverai que ce sont mes

feuilles et mes oiseaux.

 

Bûcheron.

Ampute-moi de mon ombre.

Délivre-moi du supplice

de me voir sans oranges.

Fede­rico García Lorca / Chansons / Chansons pour terminer