Adolescence trouble, triste et tendre
Par domcorrieras, le dimanche 29 octobre 2017 - Poèmes & chansons - lien permanent
Adolescence trouble, triste et tendre,
sombre bourbier
où tombent les feuilles
les corps,
les mots
les coups durs et l’amour amer,
âge comme l’espace,
sans racines, ouvert
et plus inconnu que la nuit,
avec plus d’étoiles que son ombre.
Temps impur du toucher
sans réponse,
de pierres aux pieds et d’yeux affamés,
de livres triturés pour apprendre la vie
qui là même nous appelle nous regarde, que nous
ne voyons pas
avec Baudelaire sur l’épaule comme le corbeau
et Lautréamont hurlant dans son cercueil impur
Ainsi,
loin de Garcilaso et de ses rives
peignées par les plumes des cygnes
et ainsi, à moitié maudits, déboussolés
nourris au lait de la littérature
avec dans la main toutes les ténèbres,
irresponsables et sauvages, se
mettre peu à peu à marcher,
en cheminant sur le chemin,
en cherchant le pain, la maison, la femme
ainsi que tous les hommes.
……………………..
Adolescencia turbia, triste y tierna,
tembladeral sombrío
en que caen las hojas
los cuerpos,
las palabras
los golpes duros y el amor amargo,
edad como el espacio,
sin raíces, abierta
y más estrellas que su sombra.
Tiempo impuro de tacto
sin respuesta,
de piedras en los pies y ojos con hambre,
de libros estrujados para aprender la vida
que allí mismo nos llama mira y que no vemos
con Baudelaire encima del hombro como el cuervo
y Lautréamont aullando en su féreto impune
Así,
lejos de Garcilaso y sus riberas
peinadas por las plumas de los cisnes
y así semi malditos, desquiciados
amamantados en literaura
con todas las tinieblas en la mano,
irresponsables y bravíos, ir
poco a poco andando,
caminando el camino,
buscando el pan, la casa y la mujer
como todos los hombres.
Pablo Neruda / Tes pieds je les touche dans l’ombre - poèmes retrouvés / Autres poèmes
traduit de l’espagnol (Chili) par Jacques Ancet