une complainte pour le gaucho
Par domcorrieras, le samedi 22 juillet 2017 - Poèmes & chansons - lien permanent
La semaine s'épuisait en songes inévitables.
De mon point de vue, les comédiens en bas brûlaient
comme des insectes
Les formes se tordaient pour revêtir des mots qui à toi ne
devaient rien te dire
Ne te disaient-ils rien ?
Les cris contaient pourtant l'histoire confessée
de tous les corps,
et de tous les langages
Dans l'attache que tenaient tes pupilles inertes
Je m'étranglais doucement et, riant, avec ma langue
j'enveloppais ton cordage
et je pouvais dans le noir te retrouver dans l'ample théâtre
L'ignorais-tu ?
A l'entr'acte les visages sont apparus dans le rouge
Le tien se trouvait
juste au creux de mes yeux
De tes mains je ne savais toujours rien.
Dehors et malgré l'air instable la face des spectateurs se
rivait dans les pavés glacés
Ils s'y voyaient mobiles comme la flamme prise au vent
Toi tu n'étais que de passage
Et d'ici aucun mirage n'alourdissait tes traits. Tes contours
fuyaient,
Plus légers que la brise
La semaine s'épuisait en songes catégoriques
Toi qui a la langue étrangère,
les yeux trop doux,
le profil d'aigle,
Tes mains sont-elles si lâches
Qu'elles ne peuvent me tenir entière ?
Léa-Nunzia Corrieras - 2017