« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Cependant que je contemplais


 

 

 

 

Cependant que je contemplais les fossile incrustés

il me vint à l’esprit des inclinations délétères

 

Ce roc, se pouvait-il

qu’il fût celui où Lamartine médita ? À quoi bon

    alors

en vanter la dureté ?

Et ce nautile, que pouvais-je bien en écrire

qui n’eût pas été déjà ressassé ?

Ce sentiment de plénitude, combien l’avaient

    éprouvé auparavant et 

n’était-il pas simple réponse hormonale à des

    stimuli millénaires ?

Un amour perdu, certes — mais combien 

    d’humains

ressentent ce qu’il importe de vanter ? Lassitude

d’un déjà-vu abyssal. Résignation

devant les excès du passé

 

dans les dictionnaire poussiéreux

se cachent les illusions des poètes. Il suffit d’un

    instant

pour qu’ils les perdent

 

C’est alors avec les ongles

avec les dents

qu’il faut arracher les mots au banal

Gratter — frotter — polir

les diamants les plus rudes d’un filament de 

    kératine. Supplier

le rhinocéros de son aide s’il le faut. Implorer

l’eau, pour qu’elle fasse son office

en quelques heures au lieu de quelques millénaires

 

Forgés par d’autres, les mots sonnent creux si on

    les serine

à moins de les libérer de la gangue qui les enserre.

    Mais il faut

l’attaquer au marteau

renoncer à la violence feinte des katas

payer de sa personne

tailler à vif — alors même que les ferronniers

    disparaissent

 

Creuser, forer encore !

dans les schistes que n’ont    pas explorés ceux dont

    la fortune

a été bâtie sur les gisements facilement

    exploitables. Au risque

d’étouffer de gaz asphyxiants

le peu de lecteurs qui restent

 

La poésie, un sport de combat,

non ? DÉJÀ PRIS.

Florent Toniello / FLO[TS]