« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Tête de faune


 

 

 

 

Dans la feuillée, écrin vert taché d’or,

Dans la feuillée incertaine et fleurie

De fleurs splendides où le baiser dort,

Vif et crevant l’exquise broderie,

 

Un faune effaré montre ses deux yeux

Et mord les fleurs rouges de ses dents blanches.

Brunie et sanglante ainsi qu’un vin vieux

Sa lèvre éclate en rires sous les branches.

 

Et quand il a fui — tel un écureuil —

Son rire tremble encore à chaque feuille

Et l’on voit épeuré par un bouvreuil

Le Baiser d’or du Bois, qui se recueille.

Arthur Rimbaud / Poésies