« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Après avoir lu Deux villes en Provence







 

POUR M.F.K. FISCHER

 

 

Je suis sorti une minute et

j’ai laissé ton livre sur la table.

Quelque chose s’est passé. Le matin suivant,

à six heures moins le quart, l’aube s’est levée.
Les hommes étaient

déjà partis aux champs.

Des tas de feuilles d’arbres

Le long de la piste.

Me faisaient penser à l’automne.

J’ai ouvert la première page

et j’ai commencé à lire.

 

J’ai passé toute la matinée

en ta compagnie, à Aix

dans le sud de la France.

Quand j’ai levé les yeux,

il était midi.

 

Et ils disaient tous que je ne trouverais jamais

ma place dans cette vie !

Que je ne serais jamais heureux,

ni dans ce monde, ni dans l’autre.

Ils n’avaient rien compris.

Les andouilles.

Raymond Carver / La vitesse foudroyante du passé.
Traduit de l’américain par Emmanuel Moses.