« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Pour Mohamed et Mario

 

 

 

 

 

 

Les nuages sont froids

Et la montagne me semble si vieille

Ne pleure pas…

 

 

Là-bas jouent des enfants,

qui ont encore moins que toi.

Ils jouent sur le charbon,

leur père est en-dessous.

 

 

Ils viennent parfois de loin

Ils restent avec le temps;

Ils crèvent dans la rue,

une balle c’est vite parti

Leur peau est brune comme le soleil

leurs mains sont liées

comme les tiennes

Ne pleure pas…

 

 

Ils te ressemblent parce que

ils sont dans ton enfer,

Ne pleure pas

Ils pensent à chez eux,

leur village n’est plus qu’un rêve

avec du vent, du sable,

comme le tien, bientôt.

 

 

Ils meurent aussi dans le fer.

les « Prussiens » avaient les Juifs,

et les Français, qui ont-ils ?

Leurs langues sont aussi du Platt,

ils ne parlent plus guère

Pour une paye, le Platt est vite vendu.

 

 

Ils s’appellent Angelo,

Mohamed et Mario,

Ils crèvent là-haut,

Et la Maria derrière le fourneau.

 

 

Un pays sans Gitans,

sans Italiens, sans Marocains,

Ce n’est pas un pays libre !

 

 


 

Daniel Laumesfeld / Récits, chansons et poèmes franciques