A Priego
Par domcorrieras, le lundi 9 mars 2015 - Poèmes & chansons - lien permanent
Vers ces pâturages, vers ces aires
j’accours.
Depuis mille ans
je vous connais.
je vous ai toujours vues ainsi : devant votre porte.
Sans jamais aller à l’oliveraie, sans descendre
au moulin, sans porter le linge à la rivière.
mon cœur rôde autour
de cette place, devant ces portes
de la vieillesse. Mais,
de quoi parliez-vous ?
Mon cœur rôde toujours.
Ah, mes sœurs, la bonne vie. Cousez, cousez,
vieilles sœurs
de ma douleur, reprisez à temps
mon retard, donnez-moi la bouche, l’onguent
du bien, votre mystérieuse
sagesse, confiez-moi l’art
des guérisseurs : eau de mauve,
cataplasmes, vernis
populaires, herbes
bénies.
Pourquoi alors parler
du temps ?
Sœurs, vieilles de ces lieux,
vers ces aires, vers ces pâturages j’accours
comme un fou.
Mon cœur rôde toujours, et sous vos habits de bure
il voudrait avoir accueil, cachette et linceul.
Je reviendrai ici mourir;
sous ces jambes, parmi les cuisses de la vieillesse,
vies vraiment finies, faubourgs
et coiffes, fête et vers rongeurs.
Faites-moi voler,
prêtez-moi des ailes
ou la cour où vous aviez aimé !
Je suis revenu aujourd’hui
vers ces pâturages, vers ces aires
du bon pain
et du blé lumineux.
Diego Jesús Jiménez / Chœurs d’âmes (1968)