« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Sous le tilleul

 

 






Sous le tilleul

sur la lande,

où fut notre couche à nous deux,

vous pourrez trouver,

joliment foulées, 

et les fleurs et l’herbe.

A l’orée du bois dans un vallon :

tandaradaï,

qu’il chantait bien, le rossignol.

 

Quand j’arrivai

dans la prairie,

mon bel ami déjà s’y trouvait.

J’y fus par lui si bien reçue,

ma noble dame,

que je suis heureuse à jamais.

Me baisa-t-il ? Bien mille fois !

Tandaradaï,

voyez comme en rougit ma bouche.

 

Il avait là ménagé,

si magnifique,

une litière de fleurs.

Bien souriront

dedans leur coeur 

qui passeront par ce sentier.

Aux roses ils pourront bien savoir,

tandaradaï,

où ma tête a, lors, reposée.

 

Qu’il fut tout contre moi couché,

si quelqu’un venait le savoir

(Dieu veuille bien que non), je serais tout honteuse.

Ce qu’il fit avec moi,

que personne jamais 

ne le sache, hors moi-même et lui,

ainsi qu’un petit oiseau,

tandaradaï,

qui sera discret, j’en suis sûre.

Walter von Vogelweide, minnesanger (équivalent germanique de nos troubadours) du  XIIIe siècle.