« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Au cœur du cri

 

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J’espère la désé­cri­ture

l’amorce d’un mot sur la pierre

j’espère la pana­cée des soli­tu­des

dans une céré­mo­nie de feuilla­ges

et d’appels d’oiseaux

j’espère la con­ta­mi­na­tion brû­lante des sèves

la ten­dre cru­ci­fixion

où les yeux se révul­sent

sous la pres­sion mor­telle du désir.

 

J’espère de subli­mes incan­ta­tions

pour aller plus avant sur les ailes du vent

je me lève­rai

con­tre les dou­leurs pro­fon­des

que les hom­mes infli­gè­rent aux fem­mes

depuis des épo­ques immé­mo­ria­les

j’espère la danse des déses­pé­ran­ces

au milieu des tam­bours bat­tant de l’orage

où ruis­selle la foule des fleurs en colère

 

Main­te­nant des vio­let­tes recou­vrent mes yeux

et je cra­che des rubis de sang dans les puits

j’espère un lan­gage incarné

avec les ges­tes de la lumière

dans les théâ­tres d’ombre du mal­heur

où toute poé­sie s’écrit au cœur du cri.

 An­dré Che­net / Au cœur du cri / Edi­tions Les Voleurs de Feu (Al Lae­rien Tan)