PROPOS D’ANTHANASE FIGUEMÛRE
Par domcorrieras, le vendredi 22 février 2008 - Proses & autres textes - lien permanent
ATHANASE FIGUEMÛRE à son fils naturel.— Sais-tu, petit, comment tu as été fait ? un jour de 14 juillet, à midi, en cinq minutes chez ton grand-père Câcaud, dans le grenier le long de l’arche et si tu es au monde, tu n’as aucun gré à en savoir à ta grand-mère qui du haut de l’échelle criait «Tontine» et arriva juste sur moi, armée d’une fourche, au moment où tu tombais dans le four.
ATHANASE FIGUEMÛRE . — J’ai rencontré ce matin la femme à Audoine et elle m’a dit : — « Vous savez, Figuemûre, que je suis enceinte ? C’est pour le mois de mai.» Drôle de déclaration à faire à un homme et qui ne m’intéressait guère, mais j’aurais pu lui demander de qui ? Voilà ce que personne ne sait, pas même elle qui se fait «couailler» par tous ses commis, au point que sa mère s’en aperçoit et marmonne tout le temps: — « Droit une Pichaude! Foin de Blanchette! Tout de son père et rien de moi.» Un jour la pauv’vieille fut même si outrée de ce qu’elle avait vu qu’elle dénonça le cas à son gendre, mais son gendre lui répondit: — «Voulez-vous que je la tue ou que je me tue? C’est plus fort qu’elle et c’est trop fort pour moi.»
Marcel Jouhandeau / Chaminadour - 1934 / Propos et anecdoctes - Première série