« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

SI MES MAINS POU­VAIENT EFFEUILLER

 

 



Je pro­nonce ton nom

Au cœur des nuits obs­cu­res,

Lors­que vien­nent les astres

Boire l’eau de la lune

Et que dor­ment les feuilles

Des secrè­tes ramu­res.

 

Je me sens tout sonore

De pas­sion, de musi­que,

Folle hor­loge qui chante

Les heu­res de jadis.

 

Je pro­nonce ton nom

En cette nuit obs­cure

Et je l’entends son­ner

Plus loin­tain que jamais,

Plus loin­tain que tou­tes les étoi­les,

Et plus plain­tif que la douce pluie.

 

Pour­rai-je un jour t’aimer

Comme je fis naguère ?

Mon cœur, où est la faute ?

Si le brouillard s’éclaire,

Aurai-je une nou­velle

Pas­sion, tran­quille et pure ?

Ah, si mes doigts pou­vaient

Vous effeuiller, ô lune ! 

 

 








 

Fede­rico García Lorca (1898-1936) / Livre de poè­mes