« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Poète noir

 

 

 

 

Poète noir, un sein de pucelle

te hante,

poète aigri, la vie bout

et la ville brûle,

et le ciel se résorbe en pluie,

ta plume gratte au cœur de la vie.

 

Forêt, forêt, des yeux fourmillent

sur les pignons multipliés ;

cheveux d’orage, les poètes

enfourchent des chevaux, des chiens.

 

Les yeux ragent, les langues tournent

le ciel afflue dans les narines

comme un lait nouricier et bleu ;

je suis suspendu à vos bouches

femmes, cœurs de vinaigres durs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Antonin Artaud (1896-1948) / L’ombilic des limbes