« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

L’AU-DEDANS DE L’EN-DEÇA


 

 

Belle d’aube et de caresses

Bulles de fard et de fleurs

Tout ce qui fut notre ivresse

Remonte des profondeurs

Des bruyères me reviennent

Au rythme des baisers las

Est-ce ta lèvre ou la mienne

Qui brûlait cette nuit-là

 

Est-ce plaie ou plainte Sont-ce

Des ecchymoses de ciel

Ou les lisières de ronces

D’un météore charnel

 

Sais-je quand surgit le doute

Entre la sève et le sang

Ou quand s’effeuillèrent toutes

Les fleurs du buisson ardent

 

Etait-ce un soir de dimanche

Que la lézarde s’ouvrit

Quand je touchai sur ta hanche

Un pressentiment d’oubli

 

Ce qui fut à jamais passe

Au gré de l’ombre et des jours

Tes mots n’ont sur la terrasse

Qu’un lointain reflet d’amour

 

Etait-ce un soupçon d’abîme

Est-ce toi serait-ce moi

Qui retombait de la cime

Qu’on n’atteint jamais deux fois

 

Est-ce pour la trop cruelle

Loi vaine d’un vain destin

Que notre flamme éternelle

N’eut qu’un instant de matin

 

Je cherche et toi sais-tu qu’est-ce

Qui lie et qui délia

Au tréfonds de notre ivresse

L’en-dedans de l’au-delà

Robert Goffin