« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

IL MARCHAIT


 

 

Or, il marchait

lèvres découragées

 

Il avait embrassé une femme

parlé à des amis

raconté à ses enfants son étymologie

 

Sur son pantalon repassé

qui puait le procès-verbal

il portait une veste vigoureuse de rocker

dérobée dans une discothèque

 

Il avait deux identités

on n'en avait plus

on n'en avait jamais eu

 

Or, il marchait sous un ciel épagneul

parmi des parfums taciturnes

 

Couples s'aimaient

autour de la mappemonde

L'aigle dédaignait cette charogne

Un tigre se suicidait dans l'Euphrate.

Paul Thierrin