MESSIEURS,
Par domcorrieras, le samedi 12 novembre 2022 - Poèmes & chansons - lien permanent
Vous m'avez condamnée par contumace,
Le couperet est tombé.
Vous m'avez répudiée,
coupable de ne pas marcher
aux pas de vos rites ancestraux.
Pourtant, Messieurs, je suis
la favorite de l'herbe
qui éclabousse de chaleur
mes douceurs secrètes.
J'ai pour le vent
des faiblesses d'amante.
Nue, j'aurais pu vous parler
de mes vallons,
de mes chemins ombreux,
de mes jambes qui emprisonnent,
de mes bras qui se tendent.
Mes lèvres, Messieurs, auraient
pu vous dire des mots de silence.
Je ne vous parlerai
que de mes tristesses.
Vous ne saurez rien de mes danses de minuit.
***
Je suis l'invitée de l'arbre,
il a pour moi des tendresses
mâles et rugueuses.
L'orage me réserve des jouissances
qui me fouillent.
La poésie me fait crier
de plaisir et de douleur.
Vous auriez pu être ma poésie.
Vous auriez pu être le vent,
l'herbe et l'arbre dans l'orage.
Anne-Marie Derèse