LA NUIT
Par domcorrieras, le jeudi 22 septembre 2022 - Poèmes & chansons - lien permanent
C'est toi que je chante, ravin sauvage,
Montagnes dressées
Dans la tempête de la nuit ;
Ô tours grises
Débordant de grimaces infernales,
De faune ardente,
De rêches fougères, de pins,
De fleurs cristallines.
Tourment infini
D'avoir traqué Dieu,
Doux esprit,
Poussant des soupirs dans la cataracte,
Dans le balancement des pins.
D'or embrasent les feux
Des peuples alentour.
Sur des écueils noirâtres
Se jette ivre de mort
La rougissante fiancée du vent,
La vague bleue
Du glacier
Et gronde
Puissamment la cloche dans la vallée :
Flammes, malédictions,
Et les sombres
Jeux de volupté,
À l'assaut du ciel
Une tête pétrifiée.
Georg Trackl / Poèmes publiés dans la revue Le Brenner (1914-1915)
Traduction de Marc Petit et Jean-Claude Schneider
Illustration : Portrait de Georg Trackl par Otto Pankok