« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

La CAFOUILLARDE


 

 

La CAFOUILLARDE, l'Isabelle, oui, dans sa masure, là, au bout de la rue (où s'étale la rigole) la Cafouillarde est morte.

Comme ça.

C'est le facteur qui a alerté la population (il tenait toujours son catalogue de la GRANDE SEMAINE DU BLANC) il disait, disait ? non, il hurlait : « allez vite chez Cafouillarde, je crois qu'elle est morte. »

Tu penses, ç'a été la bousculade ! Les retardataires grimpaient sur des épaules. Je ne sais qui a placé le cadavre tout froid sur le matelas. Mais il se trouvait là, enfin, et tellement pâle, dépeigné (les yeux, blancs, pas tout à fait fermés).

A midi, on a chassé les chiens, et le village est allé casser la croûte.

A trois heures, les gendarmes sont venus, le brigadier Armanda suivi de son « houzard », Durachel !de Saint-Sylvain). Durachel « quitte la gendarmerie » le 1er octobre. « Enfin, bientôt, je me déboutonne ! » m'a-t-il dit. Il a trouvé un gardiennage du côté de Chênehutte et, avec la culture du poireau, ça augmentera sensiblement (il aime ce mot) sa retraite.

Durachel a remporté, avant 36, des courses cyclistes locales et même régionales. En ce temps-là, il était aussi maigre que Faudto Coppi. A présent, dame, l'âge est là. C'est un vrai gendarme, pas méchant, mais qui n'a jamais bu de la Vittel.

Jules Mougin / Chronique de la grande Halourde.