« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Je cherche


 

 

Je cherche le poignard de la piste dans ce midi époumoné

je cherche une aile occulte à mon pas lourd et opaque

un chant possible à ma langue qui colle à la poussière

une lèvre qui ne soit de mémoire à mes lèvres asséchées

je cherche un souffle modeste pour une poitrine écrasée

je cherche l'improbable fraîcheur

qui adhérerait au fond ulcéré d'un puits de nielle

qui rendrait son venin de vie à un serpent mort

- je t'aviserai en ouvrant l'eau de mes yeux,

  cette dernière eau où s'agenouille la clarté.

J'attends la nuit avec les scorpions.

Avec l'étoile précise à l'heure de se taire.

Et il fallait encore et encore se déshabiller,

s'évider, s'excaver, s'exfolier.

Ô imprudent voyageur !

Tu ne soupçonnais donc pas la cave sombre de ton œil

ô trop prudent regard !

Loránd Gáspár