« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Barques sur la boue


 

 

Barques sur la boue. Un vol de foulques s'enlève et froisse l'air. Les bouchots font des encres noires. Il y a des trous d'eau, et les tamaris un peu partout s'y reflètent. Une rampe de calcaire s'élance seule au-dessus de l'herm où le vent racle. L'anse de la mer cligne de pelletées de paillettes. L'île dérive au loin bien qu'accrochée à des grues et à des palans.

Les grues cendrées vont sur le vert. Les émouchets s'enlèvent et plongent. Le monde est lisse comme une pomme.

Les flocons de laine frissonnent aux barbelés. Jusqu'à l'horizon les canaux rectilignes captent tout ce qui tremble.

Vaches et vanneaux. Entre les brindilles, le village. Il y a l'ocre des tuiles, le clocher en prisme droit, et à gauche les cyprès sur le coteau de calcaire.

Marsais, mardi 10

Robert Marteau / Forestières